Ce 1er samedi du mois d’octobre tombe le jour des 900 ans du miracle eucharistique de Bettbrunn en Allemagne. Nous allons donc méditer sur l’Eucharistie, véritable sommet de la vie chrétienne et des 1ers samedis du mois. Le Saint Curé d’Ars disait : « Toutes les bonnes œuvres réunies [de toute l’histoire du monde ndlr] n’égalent pas le sacrifice de la Messe, parce qu’elles sont les œuvres des hommes, et que la Sainte Messe est l’œuvre de Dieu. » Ce mystère insondable de l’Eucharistie, institué par Notre Seigneur le soir du Jeudi Saint, pourrait être médité durant toute une vie. Nous allons aujourd’hui commencer par simplement nous reposer la question : qu’est-ce que réellement l’Eucharistie ou la Sainte Messe ? Nous allons en souligner deux aspects fondamentaux :

1/ L’Eucharistie, sacrifice. C’est le renouvellement non sanglant du sacrifice de la Croix. C’est-à-dire que Notre Seigneur s’offre une nouvelle fois réellement comme victime pour notre salut. Pourquoi ? Si le sacrifice de la Croix au calvaire est total, entier et suffit à notre rédemption, Jésus, dans son infinie bonté et son amour a voulu rendre présent et réel ce sacrifice à chaque messe (sans la souffrance ni la mort). A chaque Eucharistie, le renouvellement de Son sacrifice vient de nouveau réparer les péchés des hommes commis chaque jour. L’apparition du 13 juin 1929 à Sœur Lucie de Fatima illustre parfaitement cela. Elle vit au-dessus de l’autel le calice et l’hostie avec Jésus crucifié juste derrière. (Image ci-contre). Ainsi, à la consécration, nous sommes nous-mêmes réellement au pied de la Croix avec le Cœur Immaculé de Marie.
Si le Christ s’offre au Père par le ministère du prêtre, les fidèles ont aussi un rôle important souvent méconnu. Ils ne vont pas juste s’unir intérieurement au sacrifice du Christ. Ils vont, avec le prêtre, offrir à Dieu le sacrifice du Christ. C’est un acte majeur qui peut sembler étrange et une explication est ici nécessaire. Toute offense faite à un Dieu infini porte de facto un caractère infini. Or nous sommes de simples créatures finies, imparfaites, et il nous est donc impossible de réparer nous-mêmes nos péchés : c’est le Christ, Fils de Dieu, qui est venu les réparer. C’est là tout le mystère de la Rédemption. Mais par le baptême, nous sommes devenus membres du corps mystique du Christ. Ainsi, malgré notre état de créatures imparfaites, nous allons pouvoir, lors de la consécration, offrir à Dieu un sacrifice parfait, celui du Christ Lui-même. Dieu reçoit ainsi une juste réparation, et en conséquence, par les mérites de Jésus- Christ, nous pourrons être sauvés et obtenir la vie éternelle.
Nous touchons ici une des splendeurs de l’Eucharistie, si loin des notions de simple “repas“, “assemblée“, “louange“ ou encore “commémoration“. Nous sommes dans la réalité et la grandeur du Sacrifice de Jésus Christ qui s’offre de nouveau par amour pour nous. Et devant l’importance de cette vérité, le Concile de Trente a été très clair sur ce point : « Si quelqu’un dit que, dans la messe, n’est pas offert à Dieu un véritable et authentique sacrifice (…) Si quelqu’un dit que le sacrifice de la messe n’est qu’un sacrifice de louange et d’action de grâces, ou simple commémoration du sacrifice accompli sur la croix : qu’il soit anathème. »
2/ L’Eucharistie, communion sacramentelle. Nous méditons ici sur le plus beau des sept sacrements car c’est le seul qui contient Notre Seigneur lui-même : le Christ est là avec son corps, son sang, son âme et sa divinité. Comme nous le savons, ce sacrement se caractérise par le changement de substance (transsubstantiation) du pain et du vin en corps et sang de Notre Seigneur. Tout comme les apôtres le soir de la Cène, nous ne voyons pas ce changement de substance avec nos sens. Ce changement est invisible aux yeux des hommes et d’ailleurs impossible selon les lois naturelles. Chaque Eucharistie est donc un miracle qui nécessite un acte de foi de notre part: malgré nos sens qui nous disent l’inverse, notre intelligence et notre âme nous disent que le pain et le vin sont réellement devenus le corps et le sang de Jésus-Christ.
La raison de cet acte de foi demandé à chaque célébration de l’Eucharistie peut être trouvée dans l’Évangile. Après avoir douté de la Résurrection de Jésus (et donc douté de Sa présence réelle), Saint Thomas se retrouvera face à Lui une semaine plus tard et va le voir réellement présent grâce à ses sens. Alors Jésus lui dira : « Parce que tu m’as vu, tu as cru ; heureux ceux qui croient sans voir ! » (Jn 20,26). Dieu voulant notre bonheur, Il nous demande, à chaque messe, de croire sans voir.
On peut enfin considérer un deuxième aspect de la communion. Comme nous l’avons déjà souligné, nous sommes membres du corps mystique du Christ. En instituant cette communion sacramentelle lors de l’Eucharistie, Notre Seigneur vient matérialiser par là notre appartenance à Son corps mystique. Ainsi se réalise Sa parole de l’Évangile « Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi et moi en lui. » (Jn 6,56). Dans son livre Le très Saint Sacrement, Saint Pierre Julien Eymard explique : « Tous les chrétiens répandus sur la surface de la terre étant les membres du corps mystique de Jésus-Christ, il faut bien que Lui, qui en est l’âme, soit partout, répandu dans tout le corps, donnant la vie, l’entretenant en chacun de ses membres.»
Les caractéristiques admirables de la Sainte Eucharistie que nous venons de voir – sacrifice, sacrement et communion – montrent son importance et son caractère éminemment sacré. Notre attitude, tant intérieure qu’extérieure, doit donc être en accord avec une telle réalité insondable. Saint Jean Eudes résumera en une phrase comment nous devons nous comporter : « Le Sacrifice de la Messe est quelque chose de si grand, qu’il faudrait trois éternités pour l’offrir dignement : la première pour s’y préparer, la seconde pour le célébrer, la troisième pour en rendre de justes actions de grâces. »
S’y préparer… La grandeur de l’Eucharistie nécessite de préparer tout son être, c’est-à-dire son corps et son âme. Le corps se prépare avec le jeûne eucharistique et une attitude respectueuse. L’âme se prépare intérieurement dans le recueillement. Nous devons vider notre esprit de nos pensées terrestres, de nos distractions, et dans le silence préparer notre cœur à accueillir Jésus avec amour et reconnaissance. Il faut aussi abandonner nos éventuelles rancœurs envers autrui. Avant d’offrir le sacrifice de Jésus devant l’autel, rappelons-nous Ses paroles : « Si donc, en présentant ton offrande à l’autel, tu te souviens que ton frère a quelque chose contre toi, laisse là ton offrande devant l’autel, et va d’abord te réconcilier avec ton frère, puis reviens présenter ton offrande. » (Matt 5,23-24)
Le célébrer… Quels égards devons-nous avoir pour Jésus, à la fois dans notre âme et dans notre attitude extérieure ! Nous comprenons mieux, ici, les paroles de Saint Paul « Quiconque mangera de ce pain, ou boira de la coupe du Seigneur indignement, sera coupable envers le corps et le sang du Seigneur. » (Cor 11:27). C’est pourquoi, pour pouvoir communier, notre âme doit être en état de grâce (sans péché mortel). Quant à notre attitude extérieure, ne faut-il pas se poser la question sur la façon de recevoir la Sainte Hostie ? Un Évêque, auteur du livre “Corpus Christi“, expliquait récemment que prendre le Christ sans signe d’adoration, debout dans la main “comme on prend un bonbon“, banalise de façon évidente l’Eucharistie et amène fatalement une perte du sens du sacré. Profitons de cette méditation pour réfléchir en âme et conscience sur cette question importante.
L’action de grâces… Notons que la présence physique de Jésus en nous dure environ quinze minutes, temps après lequel la Sainte Hostie étant physiquement absorbée par l’organisme, la présence physique réelle du Christ disparaît. Et que fait-on pendant ces quinze minutes ? Est-ce qu’on Lui tient compagnie comme à une personne qu’on aime par-dessus tout ou est-ce qu’on L’oublie au bout de quelques secondes ? Est-ce qu’on reste avec Lui dans l’église pendant qu’Il est en nous ou est-ce qu’on se précipite pour des bavardages ? Là aussi, reconsidérons notre attitude après la communion.
Pour faire une sainte et pieuse communion n’oublions pas enfin que nous avons une aide incomparable : la Sainte Vierge. La première Elle a reçu le corps de Jésus lors de l’incarnation. Mieux que quiconque Elle a su à ce moment-là Lui tenir compagnie, L’aimer, Lui parler. Le Pape Benoît XVI nous indiquait cette voie : « Que la Vierge Marie, Femme eucharistique, nous introduise dans le secret de la véritable adoration. Son cœur, humble et simple, était toujours recueilli autour du mystère de Jésus, dans lequel elle adorait la présence de Dieu et de son Amour rédempteur. »
Alors, avant chaque communion, demandons à Notre Dame de nous aider à mieux comprendre la grandeur de l’Eucharistie ; de nous aider à tenir compagnie à son Fils Jésus pendant ces quinze minutes où Il est en nous. C’est notre Mère et Elle nous donnera toutes les grâces nécessaires pour y arriver.
Auteur : Alliance 1ers samedis de Fatima